Raconter l’histoire municipale de la paroisse de St-Séverin pourrait être relativement facile et ce récit pourrait être court, car rien d’extraordinaire ne s’est passé pendant ces cent dernières années.
La population de St-Séverin a été heureuse, et on l’a dit et répété: "Les peuples heureux n’ont pas d’histoire."
Nous nous contenterons donc de rapporter les principaux faits qui ont marqué la vie de nos ancêtres et un peu aussi à la nôtre.
La municipalité de St-Séverin fut érigée le 22 janvier 1873, cependant la nomination des premiers conseillers par le Lieutenant-gouverneur n’eut lieu que le 13 mars 1874 et la première séance, le 22 juin de la même année. On se rend compte, par le nombre de résolutions adoptées à cette première séance, du manque d’organisation dans le domaine municipal.
La paroisse fut divisée en 15 arrondissements de voirie et 3 arrondissements champêtres.
Des requêtes furent présentées demandant de verbaliser les routes des lier et 2e rangs celles de Ste-Marguerite. de St-Richard et de St-Charles. Le premier secrétaire-trésorier engagé par le conseil fut le notaire L. G. A. LeGendre de St-Frédéric. Inutile de souligner que la rédaction des procès-verbaux étalt bien faite.
Pour montrer le sérieux avec lequel ces gens, ignorants pour la plupart prenaient leur rôle, voici la première résolution à cette session.
"M. François Laplante propose, secondé par M. François Champagne et il est résolu à l’unanimité: Qu’à l’effet de donner un caractère de dignité aux procédures de ce conseil. nulle question ou demande soumises au conseil par toutes personnes quelconques et pour tous objets du ressort du dit conseil ne seront prises en considération par ce conseil à moins que ces questions ou demandes ne soient appuyées par une requête, et il devra être payé pour l’entrée à ce conseil de toute requête ou opposition ia somme de une piastre courante."
Les conseillers nommés par le Lieutenant-Gouverneur étaient les suivants: Pierre Lessard. qu~ fut élu maire à la première séance, François Thivierge, François Champagne. François Laplante, François Binet, Henri Pomerleau et Joseph St-Hilaire. À voir quatre Français nommés conseillers, on se demande s’il ne fallait pas s’appeler François pour être élu conseiller dans ce temps-là.
Mais pour vous montrer qu’on était capable de revendiquer ses droits, même il y a cent ans, à la deuxième séançe tenue le 14 juillet de la même année, MM. François Champagne et Jean-Baptiste Champagne demandent que le chemin de front du rang St-Richard soit changé et prenne sa place plus au sud-est; le 27 juillet, contre-requête de MM. Louis Lachance et Louis Auclair s’opposant à la susdite requête. Le conseil adopte un règlement acceptant un relevé du dit chemin fait par F. LeGendre, arpenteur, et par le fait même la requête de MM. Champagne.
La nomination par le conseil, en date du 5 oct. 1874 de M. Daniel Doran, avocat de St-Joseph pour défendre la Corporation contre la requête de M. Louis Lachance, demandant la cassation de ce règlement laisse bien entendre que celui-ci ne se soumit pas de bon gré à la décision du conseil; cependant les procès-verbaux ne mentionnnent pas quel jugement fut rendu par la Cour. Par ailleurs, la tradition nous rapporte que Louis Lachance avait dit: "J’ai une grosse paire de boeufs et je les dépenserai, mais ça ne restera pas là. On dit qu’il avait dépensé ses boeufs et une vache avec.
En 1875, le secrétaire avait 30 $ comme salaire.
Pour montrer quelle valeur avait l’argent, disons en passant qu’une résolution adoptée le 17 mai 1875, allouait 25 $ à M. François Champagne, pour ouvrir et ébaucher la route du premier rang et recommandation lui était faite d’exécuter les travaux le plus promptement et économiquement que possible. Grand Dieu! Comment était-il possible de ne pas les faire économiquement avec 25 $ !
Au moi de mars 1876, M. François Thivierge est élu maire et le 1er février 1877, M. Georges Vachon le remplace.
Au 1er mars 1880, le notaire LeGendre donne sa démission comme secrétaire et il est remplacé par le notaire Laliberté de Ste-Marie, après une séance mouvementée où il y eut proposition, contre-proposition et finalement démission du notaire LeGendre.
Le procès verbal de la séance du 11 décembre 1880 couvre 7 grandes pages; le secrétaire-trésorier avait été chargé de diviser les routes des 3e et 4e rangs, celles de Ste-Marguerite et de St-Charles; par ailleurs, M. Augustin Richard avait été autorisé de visiter tous les ponts de la municipalité, excepté ceux du rang St-Jacques. Le procès verbal couvre les rapports de ces deux surintendants.
Le 6 février 1882, M. Georges Vachon donne sa démission comme maire et il est remplacé par M. Vital Labbé; subséquemment, le notaire Laliberté donne sa démission et M. Georges Vachon, ex-maire le remplace comme secrétaire.
À une session tenue le 2 octobre 1882, le conseil requiert les services de Me Elzéar Vézina, avocat de .St-Joseph dans une action intentée par M. Elzéar Nadeau, qui réclame du conseil un contrat pour une terre que celui-ci lui a vendue par une résolution en date du 19 août 1880. Cette terre avait été adjugée au conseil, par le conseil de comté pour taxes impayées; encore là rien n’indique dans les procès-verbaux si le conseil a gagné ou perdu cette cause.
Le 2 juillet 1883, un règlement est adopté pour l’ouverture d’une route dans le rang Monaghan, route qui a fait parler d’elle dans les années 1921, 22 et 1923, sous le nom de route Xavier-Moisan.
Cette route fut-elle jamais ouverte à la circulation? Les délibérations du conseil dans les années 1920 laissent bien entendre qu’elle ne le.fut jamais.
A cette session du 2 juillet 1882, une résolution est adoptée fixant à quatre par année les séances du conseil; comme il est difficile de prévoir les besoins d’une population, si minime soit-elle, cette résolution ne fut jamais appliquée, puisque dans ce même mois de juillet, il y eut 2 autres séances, soit le 16 et le 30.
Le 9 février 1885, un règlement est adopté pour fermer la route passant entre les terres de Louis Turmel et Thomas Breton (aujourd’hui terre de Hervé Vachon). La date fixée dans le règlement pour sa fermeture était le lier avril 1885. Des incidents survinrent qui empêchèrent la fermeture de cette route, car, en 1907, on voit qu’une résolution fut adoptée pour demander au_ conseil de comté de déclarer cette route: route locale, et on canstate que. par la suite, cette route fut bel et bien fermée par le conseil local.
On constate, à la lecture des livres du conseil, que le curé J.O.D. Naud, obtint, pendant plusieurs années, un permis du conseil pour vendre des spiritueux pour cause de maladie. L’histoire ne dit pas que les amateurs de la dive bouteille étaient malades plus souvent que les autres pendant ces années-là. Le curé Naud, qui a desservi la paroisse pendant 16 ans devait aussi connaître son mondé. II semble bien que ce système ne donnait pas satisfaction à tout le monde, car St-Séverin a eu, comme les autres paroisses, ses vendeurs de boisson.
Le 4 juillet 1886, M. Bernard Ferland est nommé maire en remplacement de M.Vital Labbé, décédé accidentellement au cours du mois de juin. Rien d’important à signaler sous son administration.
Le 5 février 1889, M. Georges Vachon démissionne comme secrétaire et M. David Champagne le remplace le 8 avril.
Le ier février 1892, M. Stanislas Turmel est nommé maire et le 27 juin M. David Champagne démissionne comme secrétaire pour être remplacé par M. Joseph Routhiér.
Le 9 janvier 1893, première élection de conseillers, entre M. Stanislas Turmel et M. Léon Couture. Élection un peu cocasse.
Stanislas Turmel, conseiller sortant, propose Léon Couture pour le remplacer; par la suite, deux autres électeurs proposent Stanislas Turmel pour un autre terme. Lavotation, de vive voix, donna 23 voix de majorité à M. Léon Couture.
Le 16 janvier 1893, M. Louis Nadeau fut élu maire. À cette même séance, M. Stanislas Turmel eut peut-être une petite compensation pour sa défaite aux élections, car il acquit, pour 25 $ une terre de 60 arpents de superficie, vendue au conseil de comté pour les taxes.
Le 7 juillet 1894, le conseil autorise Georges Taschereau, arpenteur de Ste-Marie, à la demande de Louis Lachance, à relever la ligne entre le 2e et le 3e rang de Broughton, depuis la terre n° 4 C jusqu’à la terre n° 2 C.
Le 18 janvier 1897, M. France Labbé est nommé maire.
En 1898, le 5 septembre, une résolution du conseil, suite à une requête présentée par M. Xavier Moisan, ordonne de réouvrir et entretenir la route dite Killarney. II a déjà été question de cette route en 1883, et il en sera encore question beaucoup plus tard, ce qui laisse bien supposer que les règlements ou résolutions concernant cette route ne furent jamais appliqués, puisque le 7 novembre de cette même année, une autre résolution dit que la route qui passe sur la terre de Xavier Moisan sera entretenue par les intéressés, mais non clôturée avant que la route de St-Sylvestre, qui lui fait suite, ne soit entretenue.
Une question qui a été souvent et longtemps débattue au conseil, c’est celle du chemin que la Fabrique entretenait pour le terrain où sont situées l’Église et ses dépendances.
Les curés, à tour de rôle, soutenaient que la Fabrique entretenait trop long de chemin pour la superficie du terrain qu’elle possédait.
Le 6 février 1899, un acte d’accord était signé entre les propriétaires dudit terrain sur sa profondeur, MM. Jos. Lachance, Alfred Perron et Francis Ferland. Par la suite, on voit que les curés reviennent à la charge au sujet de ce chemin et la question ne fut définitivement réglée que sous l’administration du curé Martel.
Le 3 juillet 1899, première demande au Gouvernement pour une subvention de 400 $ pour améliorer la côte Achille Grenier, dans le rang Égypte, et la côte Gabriel Grenier dans le 4e rang.
En 1900, M. Joseph Sylvain, fils de Pierre est nommé maire.
Le 4 février 1901, M. Elzéar Lachance est engagé secrétaire pour remplacer M. Joseph Routhier et le 14 avril 1902, M. Arthur Lachance remplace son père.
Je crôis qu’il convient de souligner ici le travail-de M. Arthur Lachance comme secrétaire, et je pense que la population a une dette de gratitude envers ce bon et fidèle serviteur.
II a été 48 ans secrétaire et la moyenne de son salaire pour les 43 premières années est de 60 $. II a fallu la Loi du salaire minimum en 1945 pour lui obtenir un salaire de 200 $ par année pour les 5 dernières années.
Comme il était en même temps secrétaire scolaire, avec un salaire équivalent, on se demande comment cet homme a pu élever et faire vivre une famille de 13 enfants, avec ce revenu et celui d’une petite terre d’une trentaine d’arpents.
Au moment où son travail eut été plus rémunérateur, il lui a fallu l’abandonner pour cause de maladie.
Nos remerciements et nos hommages à M. Arthur Lachance pour le demi-siècle de sa vie consacré à sa paroisse.
Le 19 janvier 1903, M. Louis Nadeau est de nouveau nommé maire.
Le 15 janvier 1906, M. Achille Lessard le remplace comme chef du conseil. Sous l’administration de plusieurs maires, la route Cliche a fait parler d’elle. Cette route conduisait du rang St-Thomas au rang du bord de l’eau, à Vallée Jct. Utile à une bonne partie de la population, surtout pour les charroyages en hiver, elle était en bonne partie à la charge de notre municipalité.
Avec l’ouverture de la route Thomas-Nadeau, dans St-Frédéric, elle devenait de moins en moins utile et elle fut définitivement fermée sous l’administration de M. Joseph Proulx.
Le 14 janvier 1912, M. Thomas Couture est nommé maire et le 17 janvier 1916, M. Placide Turmel le remplace.
En 1917, une nouvelle loi vient en vigueur pour les élections municipales. Jusqu’à cette date, le maire était choisi; chaque année, par les conseillers. En 1917, le maire est élu par les électeurs et M. Placide Turmel est de nouveau choisi. II décédera en 1918, à la fin de son terme de 2 ans.
En 1918, la population de St-Séverin et de toute la Province est en émoi. La conscription.des jeunes d’âge militaire bat son plein; un mouvement de protestation se dessine dans la Province. Toutes les municipalités sont invitées à envoyer, chacune un représentant en délégation à Ottawa, pour protester contre la conscription des jeunes ruraux en particulier. M. Valère Nolet est nommé pour représenter la paroisse de St-Séverin.
Cette délégation fut assez mal reçue par le Premier Ministre du temps, Sir Robert Borden. II aurait même dit dans son allocution aux délégués, quelque chose comme ceci: Nous vous conseillons de rentrer bien sagement chez vous, car nous serions en droit de garder tous ceux qui, parmi vous, sont d’âge militaire.
Dans ce temps-là, la contestation n’avait pas l’ampleur qu’elle a au-jourd’hui, et on avait jugé bon de suivre le conseil du Premier Ministre afin de protéger les jeunes qui faisaient partie de la délégation.
En 1919, M. José Nadeau est élu maire et il est réélu, en élection en 1921.
En 1921, sous l’impulsion de M. le curé Delisle, des démarches sont entrepri-ses pour faire détourner la côte du 1er rang, dans St-Frédéric. II fallait principalement le consentement du propriétaire du terrain, M. Aurèle Vachon; ce consentement obtenu, les travaux ont pratiquement été faits par la population de St-Séverin.
A l’élection de 1921, assez chaudement contestée, les voteurs avaient trouvé cela bien gênant d’aller voter de vive voix; des pressions furent faites pour que le conseil établisse la votation au scrutin secret; ce règlement fut adopté le 6 mars 1922.
La question des chemins avait été la cause de l’élection en 1921. Le ministère de la Voirie avait une politique de chemins qui se résumait à peu près à ceci: il prêtait l’argent aux municipalités pour une période de 40 ans; on ne mentionne pas, dans les archives, le mode de remboursement. Toute la paroisse était en faveur des bons chemins, mais c’était la méthode proposée par le conseil qui ne plaisait pas à tout le monde. D’ailleurs, ce projet ne fut pas approuvé par le Ministre et ce n’est qu’en 1927, ’sous l’administration de M. Joseph Proulx que les chemins ont commencé à s’améliorer dans la paroisse.
Par la suite, les demandes des contribuables affluèrent au bureau du conseil, et chaque année la voirie municipale s’améliorait, à tel point que, depuis près de 20 ans, tous les rangs habités ont leurs chemins améliorés.
Loin de nous, de laisser entendre qu’il n’y a plus rien à faire dans nos chemins; avec le progrès, il faut recommencer à élargir les chemins qui ont déjà été faits et recouvrir d’asphalte nos sorties vers la route n° 1. Et dans nos rangs non habités, les chemins sont dans un état déplorable.
En retournant un peu en arrière, on constate qu’en 1920, une requête est présentée au conseil par les résidents du rang Ste-Catherine demandant à être annexés à St-Séverin; ce rang était déjà annexé pour fins religieuses et scolaires; ce projet ne s’est pas réalisé.
En 1923, M. Henri Sylvain est élu maire. De nouveau sur les rangs en 1925, M. Georges Champagne est élu à sa place.
En 1925, vu que la route Xavier-Moisan est définitivement fermée, une requête des contribuables intéressés aux routes St-Richard et St-Charles demandent l’aide des contribuables du rang Monaghan à l’entretien de ces deux routes. Après plusieurs séances orageuses et plusieurs votes des conseillers, la requête est accordée.
Une mesure qui fut impopulaire en 1929, le règlement pour imposer les chemins doubles en hiver. Il y avait cependant les fervents qui s’accommodaient bien de cette façon de voyager sur les chemins.
Alors on vit le voisin surveillant son voisin et le mettant à l’amende pour avoir transgressé la loi des chemins doubles. Cela dura jusqu’en 1936, alors que cette loi fut abrogée par le conseil de comté.
Au mois de novembre 1929, une résolution est adoptée demandant à la Société des producteurs de sucre de construire une raffinerie de sucre à Tring Jct; cette construction fut commencée à Vallée Jct. du côté ouest de la rivière, mais seules les fondations furent complétées. II y a quelques années, la firme Turcotte et Turmel a érigé un abattoir sur ces fondations.
Entre-temps, en 1927; M. Joseph Proulx avait été élu maire et il sera réélu par acclamation, jusqu’en 1935.
L’histoire religieuse de la paroisse dira que, pour avoir l’eau courante au presbytère, les marguillers avaient acheté en 1919 un moteur Delco qui chargeait des batteries pour activer une pompe qui distribuait l’eau au presbytère et à l’étable (le curé gardait un cheval et quelques vaches).
En même temps le presbytère et l’église étaient éclairés à l’électricité; cependarit ce système avait un grand défaut: il coûtait extrêmement cher, de dépenses, aussi en 1930, le conseil, de concert avec les marguilliers, entreprit de faire des démarches auprès de la Cie Shawinigan pour que celle-ci consente à mettre l’électricité à notre portée.
Le 3 mars 1930, un règlement est adopté à cette fin-Cette distribution d’électricité se bornait au village: le conseil avait dû s’engager à placer 4 lampes de rues dans le village, le conseil en payait 3 et la Fabrique se chargeait de l’autre.
Malgré l’opportunité pour la population du village de se servir de l’électricité, la moitié seulement en a profité. On était en temps de crise, les pensions de vieillesse n’existaient pas et les personnes âgées vivaient de leurs maigres économies.
Jusqu’en 1934, les sièges des conseillers n’étant pas numérotés, chaque fois qu’il y avait plus que le nombre voulu de candidats mis en nomination à la charge de conseiller, tous ceux qui étaient proposés entraient en élection. Pour remédier à cet état de choses, le 3 décembre 1934, le conseil adopta un règlement pour numéroter les sièges des conseillers.
Le 9 janvier 1935, M. Honoré Sylvain est élu maire.
Le 8 décembre 1935, ayant réalisé, à la suite de l’incendie du magasin et des dépendances de M. Joseph Proulx, dans quelle situation on se trouvait quand le feu se déclarait surtout dans le village, le conseil adopte une résolution pour acheter deux gros extincteurs chimiques de la municipalité de East-Broughton.
Le 2 mai 1937, le conseil adopte une résolution autorisant quatre conseillers à distribuer les grains de semence reçus du Gouvernement. M. Honoré Sylvain, pour des raisons qui ne sont pas consignées au livre des délibérations du conseil a refusé de signer cette séance. Nous croyons que c’est un fait unique dans l’histoire de la municipalité.
En 1939, M. Wilfrid Vachon devient le maire de la paroisse.
Lors d’un remaniement de la carte électorale, la paroisse de St-Séverin, et, nous croyons, aussi celle de St-Elzéar, qui avaient toujours fait partie du comté de Beauce, en avaient été détachées pour faire partie du comté de Lotbinière pour les élections fédérales.
Le 6 mai 1940, une résolution est adoptée demandant au député de Beauce aux Communes, M. Édouard Lacroix, d’user de son influence pour que la paroisse de St-Séverin fasse de nouveau partie du comté de Beauce, ce qui, de fait, s’est réalisé.
Depuis 1939, le Canada est de nouveau en guerre et la conscription votée au Parlement canadien. Le 1er juin 1942, le conseil adopte une résolution pour s’opposer à la conscription.
Cependant la mèntalité a changé depuis 1917, alors que les jeunes, pour ne pas être conscrits, prenaient tous les moyens pour se soustraire à cette mesure. Les fils de cultivateurs se cachaient dans les bois, les jeunes des villes s’enfuyaient à la campagne.
Les automobiles, rares dans ce temps-là, étaient surveillées, quand une de ces voitures était aperçue, des messagers partaient avertir les intéressés qui disparaissaient instantanément. Plus tard, quand les fils de cultivateursfurent jugés plus utiles sur la terre qu’au front, pour nourrir les populations d’outre-mer, on vit des citadins se faire cultivateurs.
En 1939, la peur de la guerre a diminué, mais on déteste se cacher, on va même s’enregistrer quand le Gouvernement le demande.
Cependant le spectre de la guerre hante toujours les esprits et quand la loi permet de sa marier jusqu’à une date déterminée, on voit une quantité de mariages se célébrer à la hâte, sans fréquentation au préalable.
On peut dire, cependant, qu’aucun de ces mariages hâtifs n’eut lieu à St-Séverin.
Le 10 janvier 1945, M. Clovis Proulx accède à son tour à la mairie.
Le 5 février 1945, le conseil adopte la résolution suivante: Attendu que les membres de ce conseil sont les élus et les mandataires des contribuables de cette minicipalité.
II est proposé par M. Cléophas Sylvain, secondé par M. Adonias Lehoux et résolu unanimement: 1° Que ce conseil met ses délibérations, ses projets, ses entreprises et ses travaux sous la protection du’Sacré-Coeur; 2° Que cette municipalité se consacre officiellement au Sacré-Coeur et qu’à cet effet, M. le Maire soit autorisé à prononcer publiquement cette consécration à l’église paroissiale et à la renouveler chaque année, au temps choisi par M. le Curé; Que copie de cette résolution, inscrite au procès-verbal soit communiquée à M. le Curé.
Ne voit-on pas là l’explication de la bonne entente et de l’harmonie qui ont toujours régné aux séances du conseil.Le 4 octobre 1946, le Conseil appuie une requête présentée dans toute la Beauce pour que la loi de tempérance soit observée.
II adhère aussi aux recommandations contenues dans une lettre des Évêques sur la pureté. On avait encore, en ce temps-là, une certaine notion de ces valeurs que sont la tempérance et la pureté.
Comment expliquer le silence des autorités aujourd’hui?
Reconnaît-on qu’on était dans l’erreur, il y a vingt-cinq ans en préconisant la tempérance et la pureté, ou bien se sent-on impuissant devant la vague d’alcoolisme et d’impureté qui déferle sur nous et menace de tout engloutir?
Le 3 février 1947, une résolution de félicitations est adressée à l’Hon. Maurice Duplessis pour sa vigoureuse campagne contre les Témoins de Jéhovah. On n’en était pas encore à la tolérance d’aujourd’hui. En même temps, des félicitations étaient adressées à M. Duplessis pour les recherches faites pour trouver les coupables dans l’affaire de Sorel, lors des élections du 23 décembre 1946. Que s’était-il passé?
Le 6 février 1950, M. Arthur Lachance démissionne comme secrétaire-trésorier après 48 ans de service, record qui ne sera probablement jamais dépassé. M. Gédéon Richard le remplace.
Le 10 janvier 1951, M. Dorvéni Lehoux est élu maire, mais démissionne dans le courant de l’été et M. Léger Nadeau le remplace le 6 août.
Le 4 février 1952, MM. Léger Nadeau, maire et Adonias Lehoux, conseiller, sont autorisés à faire les démarches nécessaires auprès de la Cie de Téléphone Bell pourobtenir le service du téléphone dans la paroisse. Nous croyons que ce sujet est traité plus longuement ailleurs dans ce livre.
En 1950-52-54-59 et 1961, des requêtes demandant la verbalisation de cette rue qui conduit aux résidences de MM. Alphonse Lehoux et Joseph Grenier sont refusées.
En 1954, premier essai pour faire entretenir nos chemins pour la circulation automobile. Ce n’est pas un succès. Chemins mal préparés, outillage inadéquat. Les chemins sont fermés la moitié du temps.
Un répit de 2 ans et nous recommençons pour de bon cette fois, avec un service ininterrompu et de plus en plus parfait.
Le 9 janvier 1957, M. Ovila Sylvain est élu maire.
Le 6 octobre 1958, la date de l’élection du maire et des conseillers est reportée de janvier à juillet, prolongeant par le fait même de six mois le mandat du maire et des conseillers en exercice.
En 1961, 1963 et 1965, la population est appelée à se prononcer par voie de référendum sur l’opportunité pour la paroisse de recommander à la Régie des Alcools du Québec d’accorder un permis d’hôtel à St-Séverin. Dans les trois cas, le résultat a été négatif.
Le 6 août 1962, demande est faite au ministre des Postes de changer le nom de notre bureau de poste qui était: St-Séverin de Beaurivage, pour St-Séverin de Beauce. Raison.invoquée: Le nom de Beaurivage était souvent une cause d’erreur avec le bureau de poste de "Beaurivage" à St-Patrice de Lotbinière.
En mars 1963, le Conseil décide de faire partie du Groupe 44 de la protection civile. On continue à faire partie de ce mouvement.
L’aide de cet organisme a été demandé le 22 juin 1968, lors de l’incendie de l’hôtel Duval, en plein centre du village, alors que la municipalité n’avait aucun équipement contre le feu, mais on ne s’est pas dérangé.
En juillet 1963, M. Roméo Vachon est à son tour élu maire.
En juillet 1963, premier règlement pour bénéficier de la loi des travaux d’hiver; cette mesure apportera un peu d’argent aux cultivateurs dans la saison morte et contribuera à améliorer la municipalité sous plusieurs rapports. Par ailleurs, ces travaux coûtaient extrêmement cher, parce qu’ils étaient exécutés pour la plupart à la main, tandis qu’ils auraient pu être faits plus économiquement avec la machinerie moderne dont on dispose aujourd’hui. Ces travaux continueront chaque année jusqu’en 1968 inclusivement.
En 1964, par suite de la négligence de quelques contribuables à entretenir leur chemin d’hiver pour la circulation hippomobile, un généreux Mandamus fut envoyé à la municipalité pour le chemin du rang St-Olivier-Sud. Cette question fut longtemps débattue au conseil; des hommes de loi consultés ne donnaient pas la même information; quelques contribuables inculpés étaient disposés à payer les frais du mandamus tandis que d’autres s’y objectaient. Finalement le Conseil décida de payer lui-même ces frais, étant donné que l’inspecteur municipal avait négligé d’avertir les intéressés suivant la loi.
Sous l’administration de M. Roméo Vachon, les chemins d’hiver, puis finalement les chemins d’été sont incorporés, mesure qu’il préconisait depuis longtemps et qui donnait justice à tous les contribuables.
En 1969, nouveaux changements de la date des élections de maire et conseillers. La date de nomination doit se faire le dernier dimanche d’octobre,et la votation, si elle doit avoir lieu, le premigr dimanche de novembre.
En novembre 1971, M. Antonio Lessard est élu le 25e maire de la municipalité. Coïncidence curieuse: premier maire: Pierre Lessard et maire actuel: Antonio Lessard de la même lignée de Lessard.
En janvier 1972, M. Gédéo Richard, secrétaire depuis 22 ans, démis-sionne et le 7 février M. Léo-Paul Lachance est engagé pour le remplacé.
Voilà, en bref, l’histoire de notre vie municipale.
Pas de hauts faits, dignes de la grande histoire, mais le résumé de la vie tranquille de nos bons cultivateurs, avec quelques soubresauts parfois, pour bien montrer qu’on est en vie et qu’on veille à nos droits.
Nous espérons que la relation chronologique des principaux événements du ’premier siècle de St-Séverin aura su vous intéresser.
Le chroniqueur ne prétend pas avoir fait une oeuvre littéraire; le temps et le talent lui manquaient, c’est pourquoi il réclame l’indulgence du lecteur, en l’assurant qu’il a relaté scrupuleusement les faits tels qu’ils se sont produits, sans parti pris.
Source: Livre du Centenaire de St-Séverin 1871-1972